Petite Garce
Une vingtaine de nouvelles sculptées dans la glaise du quotidien, du réalisme poétique et de la fiction échevelée. Voilà ce que propose Philippe Lacoche, un maître du genre, qui a obtenu le Prix Populiste en 2000 pour HLM. Créé en 1931, ce prix récompense une œuvre littéraire qui « préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors, à condition qu’il s’en dégage une authentique humanité » ; une définition parfaite de l’ambition de l’auteur. Ce prix a récompensé en premier Eugène Dabit (Hôtel du Nord), puis des auteurs comme Jean-Paul-Sartre, Louis Guilloux, Emmanuel Roblès, René Fallet, Christiane Rochefort, Alain Gerber, Gérard Mordillat, Daniel Rondeau, Didier Daeninckx, Jean Vautrin, Patrick Besson, Daniel Picouly, Louis Nucéra, Laurent Gaudé, Akli Tadjer, Olivier Adam ou Jean-Luc Marty (en 2008).
Folles, sombres, émouvantes et sensuelles – voire franchement érotiques -, ces histoires sont toujours gorgées d’ambiances et pétries d’atmosphères. Car Philippe Lacoche fait indéniablement partie de cette école d’écrivains que l’on pourrait qualifier d’« atmosphériques ». Là, il nous conte l’histoire d’un adolescent qui se fait déniaiser en Espagne et au cœur des seventies par une trentenaire épanouie, experte et délurée.
Ici, il nous invite à suivre Georges Genvray, pianiste de bar, compositeur refoulé, malheureux comme la pierre auprès d’une épouse au cœur sec et d’un beau-père odieux. Un peu plus loin, il nous donne à lire la lettre d’un être singulier qui écrit avec ses pieds. Et que dire de cet homme qui n’attend qu’une chose : la mort de son voisin qu’il déteste en secret ?
Dans « Fabienne », il dresse le portrait d’une fille de 16 ans, très très chaude et très câline, qui fait rêver tous les adolescents de la cité. Quant à la « Petite garce » – nouvelle éponyme -, lolita insouciante, elle ne se prive pas de faire souffrir le quinquagénaire qui l’attend, en vain, attablé dans un restaurant d’une ville ferroviaire et grise.
Hussard fraternel, Philippe Lacoche n’a de cesse de se souvenir du panache de Jacques Perret et de l’humanité d’Henri Calet.