ISBN 9782859208448

12,00 EUR

198 pages

février 2011

Bob Dylan, le country rock et autres amériques

En février 1966, après six albums captés au cœur de New
York, c’est à Nashville, capitale de la country music, qu’il
entreprend d’enregistrer son septième opus, le double et
mythique Blonde On Blonde (5 millions d’exemplaires vendus
à ce jour). Une déferlante surréaliste servie brûlante par
des musiciens plutôt traditionalistes de formation. Fait du
hasard ? Coup de génie ? Toujours est-il que Blonde On
Blonde marquera pour toujours l’imaginaire de tout fan non
seulement de Dylan, mais aussi de rock au sens le plus large.
À commencer par son auteur lui-même, à bien des titres, et
dans des proportions dont personne à l’époque ne pouvait se
douter, les circonstances et le fameux « génie » aidant…
Car en juin 1966, en plein milieu de sa tournée mondiale
avec The Band, Dylan est victime d’un accident de moto qui
le force pour de longs mois à la réclusion à Woodstock.
Période qu’il met à profit pour redécouvrir, avec ses amis du Band, l’immense catalogue des musiques populaires
qui ont façonné le paysage sonore des États-Unis : folk d’origine britannique, d’Europe centrale ou yiddish,
blues rural ou urbain, ballades irlandaises ou cajun. Sans pression d’aucune sorte, libres comme l’air que respiraient
à Barbizon les peintres impressionnistes, les six artistes s’ébrouent dans ce foisonnement et s’en donnent
à coeur joie, Dylan composant force trames nouvelles sur lesquelles tous improvisent à qui mieux-mieux : ce
sera le matériel, infiniment étrange et riche, d’abord disséminé sur moult disques pirates, puis révélé sur un autre
mythique double album, The Basement Tapes.
Soudain, début 1968, Dylan l’imprévisible repart pour les studios de Nashville, où il enregistre en quelques jours
une collection de chansons de la même veine, mais dépouillées à l’extrême, qu’il intitule John Wesley Harding.
D’humeur passablement pastorale, l’album est une surprise totale pour le public de l’époque, surprise renforcée
par le dernier titre, « I’ll Be Your Baby Tonight », une chanson country pur sucre ! Mais ce n’est qu’un avantgoût
de ce qui va suivre, moins d’un an après avec Nashville Skyline : cette fois, l’album entier est dévolu à la
country music, s’ouvrant sur un duo avec le Titan du genre, Johnny Cash soi-même, l’aîné semblant adouber le
cadet ! Cash, d’ailleurs, invite aussitôt le nouveau converti dans son célèbre show TV, ce qui ne contribue pas
peu à l’étonnant succès immédiat d’un disque qui déborde à l’évidence le public des fans (déconcertés) de Dylan
(6 millions d’exemplaires)…
Depuis lors, devenu icône de son vivant, celui que la presse surnomme affectueusement « His Bobness » n’a
plus cessé d’explorer les mille et unes facettes d’un talent souvent aléatoire quoique toujours fascinant. Mais ses
incursions en territoire country ont déclenché tout un mouvement musical qui, par vagues successives, a fécondé
en tout sens et en bien des lieux, ce qu’on appelle désormais le country rock. Cash, à sa façon rockabilly, en
faisait peut-être déjà, mais est-ce une coïncidence si deux albums « en prison » de la fin des sixties eurent un
succès inattendu ?
Au même moment, les Byrds, John Fogerty, le Grateful Dead et jusqu’aux Rolling Stones s’y mirent, générant
à leur tour Poco et Lynyrd Skynyrd, et bientôt Linda Ronstadt et les Eagles. Emmylou Harris personnifie le country
rock avec grâce, tissant un lien subtil entre tradition et modernité qui en inspirera plus d’une : Lucinda
Williams, Neko Case, Cat Power, aujourd’hui adulées. Neil Young le personnifie aussi quand ça lui chante, inspirant
à son tour les vastes brassages où s’ébattent en toute liberté Wilco, Ryan Adams, les Felice Brothers et tant
d’autres jeunes groupes en quête à la fois d’aventure et de racines.
Qui a réalisé le fracassant « album du retour » de l’emblématique reine de Nashville, Loretta Lynn, tout récemment
? Jack White, le juvénile espiègle punk des White Stripes. Qui connaît un stupéfiant regain de créativité
et de succès en s’immergeant dans les profondeurs des musiques originelles américaines qui impressionnèrent
son adolescence galloise ? Robert Plant, la « voix » de Led Zeppelin !
Ces temps-ci, le country rock est, avec le rap, le R&B et la techno, le genre de musique populaire le plus
largement apprécié de par le monde, l’un de ceux qui font vendre le plus de disques et de téléchargements
sur internet, et certainement celui qui attire le plus de fans à ses concerts. Non parce qu’il rassure, mais
parce qu’il rassemble…
Dans ce livre, l’auteur en raconte l’histoire. Celle du déclencheur, du « passeur », Bob Dylan. Celle de la
country avant lui, avec ses grandes figures spectaculaires (Hank Williams, Patsy Cline, George Jones…),
et celle de ces enfants des coins reculés d’Amérique (et parfois un peu d’ailleurs) qui continuent à la rêver
en musique, passionnément. Et, aujourd’hui comme hier, à faire rêver d’elle !

 

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